Retour aux articles Comment communiquer avec votre enfant de façon bienveillante et éviter les conflits ?

Éducatrice de jeunes enfants en crèche et animatrice d’ateliers de communication bienveillante pour les parents d’enfants de moins de 6 ans, dans le Loiret, j’ai à cœur d’aider les parents à apporter davantage de bienveillance dans les relations avec leur(s) enfant(s). Vous trouverez dans cet article des clés pour y parvenir.

QU’EST-CE QUE LA COMMUNICATION BIENVEILLANTE ?

La communication bienveillante est celle qui permet à l’enfant et au parent de s’exprimer, tout en respectant l’émotion et les besoins de l’autre. Dans cette communication, il n’y a pas de domination de l’un par rapport à l’autre, il n’y a pas de “Je ne veux pas t’entendre, c’est moi qui décide”. Mais il y a un parent et un enfant qui sont au même niveau et qui s’expriment tour à tour.

AVEC UN JEUNE ENFANT, COMMENT ÇA SE PASSE ?

Aujourd’hui, pour nous adultes, la communication bienveillante, c’est un peu comme une langue étrangère. Elle n’a rien de spontané, il y a tout à apprendre. Mais, tout comme une nouvelle langue, il faut avoir le vocabulaire, les bases de grammaire et de conjugaison, l’accent. Au début, les mots ne viennent pas seuls, il faut réfléchir, et notre accent est perfectible. Pourtant, au fur et à mesure que l’on pratique, cela semble plus facile et aisé.
Seulement, le petit enfant, lui, ne connaît pas non plus cette “nouvelle langue”, bien qu’il soit naturellement empathique. C’est grâce à la communication bienveillante que l’on mettra en place avec lui, que, par imitation, il apprendra également à la pratiquer. La relation sera donc plus sereine entre vous car chacun aura son espace pour s’exprimer.

ET CONCRÈTEMENT, COMMENT FAIT-ON ?

Pour mettre en place une communication bienveillante avec votre enfant, quelques pistes que vous pouvez suivre :

1- Changez votre vision de lui

“Il ne faut rien céder sinon il va te mener à la baguette”, “Si tu lui donnes ce qu’il veut, tu vas en faire un enfant roi”, “Tu vois, il te cherche”… L’enfant est souvent vu comme un être manipulateur qu’il faut dresser sous peine de perdre son autorité parentale. Or, on a souvent tendance à oublier que l’enfant naît avec son insouciance, sa spontanéité et sa joie ! L’enfant vit dans l’instant présent et n’est pas encore capable d’anticiper et de planifier la moindre réaction de votre part ! Regarder votre enfant en voyant devant vous un être en devenir et en pleine maturation, est une première étape à la mise en place d’une communication bienveillante.

2- Comprendre et verbaliser son émotion…

Votre enfant fait des colères ? Non. En réalité, il est simplement en colère. C’est une émotion. Et l’émotion ne se décide pas, elle se vit. En effet, lorsque nous vivons une émotion, des changements physiologiques s’opèrent. Et pour un tout-petit, c’est une véritable tempête émotionnelle qui se joue dans son corps. Il n’est pas encore en capacité de gérer cela. C’est donc à nous de l’aider à identifier ses émotions et les verbaliser : “Je viens de te dire non, je comprends que tu sois en colère”. Le fait de mettre des mots sur ce que vit l’enfant, lui permet d’apaiser les tensions (dues à l’émotion) dans son corps. Il se sentira compris.

3-… tout en prenant en compte la vôtre

Oui, dans l’idéal, il convient de verbaliser l’émotion de votre enfant et faire preuve d’empathie. Seulement, cela n’est possible que lorsque l’on prend en compte nos propres émotions ! Si vous êtes vous-même en colère, comment voulez-vous faire preuve d’empathie envers votre enfant ? Impossible! Alors, prenez du temps pour vous au quotidien, et si nécessaire (et possible) 5 minutes pour respirer au moment du conflit pour faire passer votre émotion. Ensuite, vous pouvez calmement aller voir votre enfant. Pour être bienveillant avec votre enfant, commencez par l’être avec vous-même.

4- Apprenez à dire “Je” plutôt que “Tu”

Apprendre à dire “je” dans la communication bienveillante avec un enfant (et même entre adultes) est essentiel. En effet, cela permet de prendre ses responsabilités plutôt que de les rejeter sur l’autre, en l’occurrence, votre enfant. Par exemple, au lieu de dire “Tu m’énerves!”, préférez dire “Je suis énervé!”. Cela vous permet d’exprimer votre émotion et de ne pas rendre l’enfant responsable de celle-ci. Et là, vous allez me dire… “Oui mais c’est lui qui me met en colère!”. Et bien non : c’est ce qu’il fait qui vous met en colère, NUANCE! D’autant que l’élément déclencheur de votre colère n’est peut-être pas le même pour une autre personne, vous êtes donc responsable de votre propre émotion. Et ce petit détail est ce qui permettra à votre enfant de garder l’estime qu’il a de lui-même.

5- Choisissez vos batailles

Cela veut dire qu’il faut parfois relativiser ce pourquoi on entre en conflit avec l’enfant. Prenons l’exemple d’un enfant qui veut absolument mettre le pull bleu Cars (qui est trop petit et troué), alors que vous lui aviez préparé un autre pull. Fondamentalement, il n’y a pas de conséquence grave (à part peut-être le regard de la maîtresse et son sourire lorsqu’il enlèvera son manteau à l’école). Laissons le décider de temps en temps! En revanche, pour tout ce qui relève de sa sécurité, expliquez à votre enfant que cela est non négociable. Dans le cas d’un enfant de 2 ans qui veut vous lâcher la main pour traverser la route, vous pouvez lui dire qu’il est important pour vous de le sentir en sécurité, qu’il pourra vous lâcher la main arrivés au parc, mais pas avant.
Vous aurez suffisamment de raisons d’entrer en conflit avec votre enfant, alors “choisissez”-les et vivez dans le lâcher-prise!

6- Faites-vous accompagner

Comme écrit plus haut, on peut comparer l’apprentissage de la communication bienveillante à l’apprentissage d’une nouvelle langue… Pensez-vous qu’il soit facile d’apprendre le russe juste en lisant des bouquins? Pas vraiment… Alors entourez-vous de personnes avec qui vous pourrez échanger sur le sujet, et vous pouvez même vous renseignez près de chez vous quant à l’existence d’ateliers de communication bienveillante. Durant ceux-ci, vous aurez l’occasion de découvrir des exercices de prise de conscience et de mettre en pratique vos nouvelles connaissances.

Vous l’aurez compris, la communication bienveillante, c’est du travail, des réflexes à changer, et de nouvelles habitudes à adopter, pour mettre en place une relation avec votre enfant basée sur le respect. Et c’est au fil du temps que vous verrez tous les bénéfices que la communication bienveillante peut vous apporter!